Documentaire à voir absolument: Les enfants du palmarès

Publié le par Anouk Lapointe


J'ai assisté hier soir à la présentation du film Les enfants du palmarès, et je n'avais qu'une envie en rentrant, venir écrire sur mon nouveau blog mes impressions et commentaires sur ce documentaire! WoW! Enfin nous démystifions le mythe des écoles privées. Et encore là, je trouve que ça aurait pu être encore plus fort! Mais je m'en tiendrai à ce qui, au moins, a été dit et fait ici.

Parlons d'abord de stress, celui imposé aux enfants qui passent leurs examens en début de sixième année. C'est une honte, une honte à notre société qui pousse toujours plus loin le niveau de perfection. Pire encore, qui pousse toujours le niveau de compétition entre les êtres humains, entre les citoyens. J'ai honte. Non seulement nous vivons dans cette société capitaliste et individualiste, mais nous allons même inculquer cette individualisation chez les enfants même pas encore pubères! Le primaire, c'est fait pour s'amuser! Pour apprendre, pour apprendre à aimer l'école! Pour apprendre à socialiser surtout! Et pouf! Passage au secondaire, ô la grande école!, et hop! finie la socialisation, les amis du primaire se séparent car pas le même cheminement. Je repense à ce touchant témoignage de Niccolo, petit homme franco-québécois qui s'exprime dans le film sur sa volonté à lui d'aller au public et qui nous confie ce que ses propres amis lui disent tous les jours... Tu vas finir jardineur. Niccolo, si tu vas au public tu vas finir jardineur. D'abord, est-ce que ça se dit jardineur? Et puis de quel droit on prédit les métiers dits "de base" aux enfants du public, et qui a mis dans la tête de ses vauriens qu'on devenait jardinier en allant au public? J'y suis allée moi, au fameux public! Et je n'ai manqué de rien! Mieux encore, je fréquente l'université, j'en suis à mon 3ième diplôme, j'ai des notes presque parfaites! Ce n'est pas le public qui ne m'a pas poussée à me surpasser! Personne ne m'a fait porter un uniforme, j'ai gardé mes couleurs, et j'ai eu le droit d'être moi dans une école de 2500 élèves. Mon éducation à la base ne vient pas du public, elle vient de mes parents.

Parlons-en des parents. Ceux qui se trouvaient dans la salle hier soir ne devaient pas toujours se sentir à leur place parce que l'auditoire n'y allait pas de main morte pour exprimer leurs réactions. Je repense à cette mère qui utilise constamment le conditionnel avec des si, ou encore cette autre qui ne connait même pas le subjonctif. Ce père qui s'empresse de vérifier le classement bidon des deux écoles ayant accepté son fils... C'est odieux. Ma mère à moi parle un bon français et connait ses temps de verbe. Et elle fut la première à fréquenter le vulgaire Cégep quand il a été implanté. Ma mère à moi, elle travaille dans une école primaire de milieu très très défavorisé et elle donne du temps supplémentaire pour aider des jeunes qui pensent qu'ils n'auront aucun avenir dans leur patelin perdu dans le bois et qu'ils finiront dans les classes de cheminement particulier au secondaire public. Et ma mère paye ses taxes et elle fait comme moi, elle donne un sens à ses impôts en travaillant pour les institutions publiques.

Parlons argent. Je vais revenir en arrière de quelques semaines maintenant, une nouvelle qui n'est pas restée longtemps dans les manchettes puisqu'on a conclu que toutes les autres écoles continueraient d'accepter les dons d'Hydro-Québec sauf elle.  Nous avons appris, pour ceux qui ne le savaient pas, hier, dans le documentaire de Madame Cardinal, que 80% des subventions au privé venaient des sociétés d'état et, donc, de l'état. Je me sens comme ce père arrivé de l'Ontario qui ne s'explique pas qu'on appelle privée une institution financée majoritairement par le public. Pourquoi est-ce que MES taxes devraient financer des écoles où si peu d'enfants peuvent aller? Pourquoi ne garderions-nous pas le si peu que l'on a pour investir justement dans le public et donner les ressources nécessaires à l'encadrement des élèves en difficultés qui se font domper au public par le privé qui n'en veut plus? Des écoles de 500 à 3000 élèves manquent d'ordinateurs, de matériel décent, de place, de locaux, de rénovations, d'aménagements adaptés, de toilettes convenables, de peinture, de bons systèmes d'aération, de fenêtres, d'intervenants qualifiés, d'enseignants spécialisés, de psychologues, de travailleurs sociaux, d'infirmières! Sans compter les écoles primaires! Quand je pense que depuis deux ans on fait des élections à la légère et à qui mieux mieux qui nous coutent chaque fois plus que 83 millions et que notre ministre de l'éducation Madame Courchesne, présente hier soir d'ailleurs, nous promet des 4 millions sur 4 ans.... Merde! Mais où est-ce que s'en va notre système public, pis encore! NOS ADULTES DE DEMAIN!???!  C'est de l'éducation qu'on parle. De l'avenir d'une nation. Pas des rénovations d'un quartier des spectacles! Le 80% de financement du privé qui vient des sociétés d'état, pourquoi ne pas l'offrir à l'état! Ce sont des sociétés d'état! Si on veut du perfectionnement, donnons donc la chance à tous de l'avoir! Ici, ce n'est pas du perfectionnement dont on parle, c'est de l'élitisme! À Jean-Eudes, il me semble, ou Collège de Montréal, le directeur disait fièrement:"les enfants des anciens élèves seront priorisés!" Ben voyons donc! Non seulement le trou de pet qui vient de son père qui est allé là il y a 30 ans passerait devant ma fille qui se fend en quatre pour être première de classe, mais en plus, c'est mon compte d'Hydro qui le finance! (Ma fille n'a pas encore l'âge d'être à l'école, je pense pour plus loin, dans 10 ans...)(à part de ça, je n'ai pas l'intention de l'envoyer au privé et je n'en aurai pas les moyens avec mon salaire d'enseignante pas encore permanente...)

Je suis en train de repenser à mon stage de l'an dernier après lequel je ne savais plus quoi penser... Mon enseignante associée était la seule à avoir mis ses enfants dans le système public. Les autres enseignantes (dans une école publique du fin fond de verdun, faisant partie du programme de l'École Montréalaise), elles, envoyaient fièrement leurs enfants au privé. Alors je n'ai rien compris. Je me suis dit que ces enseignantes se démenaient au public sans même y mettre leur confiance... Ce n'est pas un peu taré ça? Elles savent pertinemment qu'elles ont étudié avec les enseignants de leurs enfants. Elles ont fait le même cursus universitaire, elles ont la même passion. Si ce sont les moyens de l'école qui changent, alors pourquoi ne pas se mobiliser contre le privé en le laissant à l'élite qui veut se le payer et boycotter ces écoles pour qu'on décide enfin de ne financer que ce qu'on appelle le public!?! Le mot le dit, c'est PUBLIC. Je refuse d'accepter que la directrice de l'Académie Michèle-Provost, Madame Provost en personne, que nous avons clairement vu et entendu dénigrer bêtement la réforme (et les bulletins!) devant la ministre assise dans la salle, je refuse donc d'accepter son bureau Louis XIV et son armoire Louis XVI, sa tapisserie ancienne et horrible, le tout, payé par mes taxes alors qu'on manque d'ordinateurs dans nos écoles secondaires et primaires publiques! Merde encore! Est-ce qu'on rit de nous dans notre face? Et nous en sommes si dupes? Si cois? J'ai visité son site à cette vieille peau, ils ont fait leur gala au SOFITEL! Ils ont investi une partie de leurs maudites subventions de l'état pour une soirée au Sofitel!  On fait un Congrès du préscolaire dans une école secondaire, et ils font un gala au Sofitel... c'est pas assez choquant ça?

Ohlala ce que je suis choquée moi! J'ai eu de la difficulté à dormir hier parce que je me suis remise en question toute la nuit. Je pense que mon devoir de citoyenne et celui de future enseignante est de me battre, et de mobiliser les principaux intéressés à faire changer les choses. C'est moi l'adulte de demain, l'éducatrice de demain. C'est moi et vous, et nous. Il y en a même qui le sont déjà aujourd'hui! Levons-nous! Battons-nous contre les aberrations de notre système, et, pour l'amour! Votons pour les bonnes personnes. ET ALLONS VOTER SURTOUT!
J'allais oublier! Le film sera présenté à Canal D le dimanche 18 octobre à 19h (on se demande pourquoi pas sur une chaîne publique et accessible à tous...) ainsi que le 19 octobre à 13h. Ne le manquez pas! Faites le enregistrer par une tante, une grand-mère, rassemblez-vous et, s'il-vous-plaît! Discutez-en entre vous! Et passez le mot!
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